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DOUCES AMIES

Ses doigts, plus frémissants, se nouaient à mes doigts…

« Mais si j’allais t’aimer ! » me redit sa voix douce.

Et je lui répondis lentement, pleurant presque :

— Il ne faut pas m’aimer. Non, non, je ne veux pas que tu sois amoureuse. Ce songe d’un soir d’été s’évanouira demain, et ton émotion, dans une heure s’apaisera. Baignée, enveloppée d’amour et de caresses, un instant, tu as pu croire que ton âme s’ouvrait, que ton cœur se livrait… Non, non, c’est une erreur, une illusion, ma Belle !… Que tes yeux attristés reprennent leur gaieté ; et que ton doux sourire, ce sourire magicien qui te fait plus jolie, refleurisse ! Voyons, rions, rions, ma mie !…

« Tu m’aimerais !… Allons !… Mais tu n’y penses pas… Non, ce serait déchoir, et tomber de l’autel où ma piété ardente, depuis des jours te hausse !…

« Ni ma fiancée, ni mon amante… Mieux que cela. Tu es, et dois rester mon Idole chérie…

« Une femme, qu’on aime simplement, qu’on chérit… et que demain peut-être on n’aimera plus !

« Non… non… Tu m’as créé un rêve plus splendide, ô mon Idole !…