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DOUCES AMIES

des êtres qui sont mêlés à ma vie, j’ai la sensation douloureuse du néant et du vide. Il me semble alors que tout est mensonge et vanité… Les baisers éperdus, les paroles ardentes, les cris de volupté, qui me ravissaient hier et me créaient le ciel, lorsque je les évoque à ces heures d’observation féroce et implacable, ne m’apparaissent plus que comme des comédies, faites pour me tromper !… Oui, oui la douce amie qui, cette nuit, se pâmait sur mon cœur, se mourait sur ma bouche, hurlait son allégresse, s’abandonnait alors à un merveilleux cabotinage… Elle ne m’aimait pas !…

Cependant je crois à l’amour ! Je sais que la femme ne peut vivre sans passion, sans rêve, sans magnifique folie… Mais, il me semble impossible qu’on m’aime vraiment, Moi… Je suis hanté sans cesse par l’idée qu’aucune de celles que j’ai chéries, n’a été sincère, vraiment et totalement amoureuse… Alors je cherche à découvrir les raisons qui les poussaient à se livrer, si éperdument, à moi… Et je découvre toujours, des causes à leurs transports, à leurs abandons… Des causes absurdes, sans doute, invraisemblables… car la seule chose qui me semble impossible, c’est que je puisse être aimé, pour moi, tout simplement…

Ainsi, ne découvrant aucun motif raison-