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DOUCES AMIES

— Qui donc nous en empêche ?

Elle rougit, balbutia :

— C’est vrai. Personne, naturellement, n’a le droit de nous désunir. Mais, tu dois me comprendre, je ne puis — pour le monde, mes domestiques, mes concierges même — non je ne puis te garder chez moi, jusqu’au matin. Tout le monde saurait alors que tu es mon amant.

— Mais puisque tu es libre…

— Libre. Est-on jamais libre. J’ai beaucoup d’amitiés et de relations ; le jour où l’on saurait que j’ai un cher ami, je deviendrais une déclassée, une demi-cocotte. Tu le sais bien. Beaucoup d’amies alors refuseraient de me voir ; bien des salons, où je suis reçue, me seraient fermés…

— En effet…

Je fus sur le point de répondre :

— Marcelle, si tu veux, je serai ton mari…

Depuis longtemps déjà, je songeais à la douceur d’une union définitive… Pourquoi n’osais-je point dévoiler à Marcelle un projet qui réaliserait, sans doute, son vœu secret…

Puisque nous nous aimions !…

Mais une crainte me pénétrait… M’aimait-elle vraiment, assez pour accepter les entraves du mariage ?…

Chaque fois que j’analyse avec la froide lucidité de la logique et de la raison, les sentiments