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DOUCES AMIES

pointes aiguës suppliciant ma chair, la mettant en lambeaux.

Mes yeux vont, tourbillonnent, s’efforcent de capter la grâce et la beauté de toutes les parties de son visage adoré, de les savourer toutes à la fois.

Non, je ne connais rien de plus enchantant, que cette possession d’une chère tête aimée que le regard cueille et prend, longuement, tendrement, passionnément.

Elle me dit parfois :

— Pourquoi me regardes-tu, mon chéri, dis, pourquoi ?

Je balbutie des mots vagues, incohérents. Je voudrais des paroles précieuses, subtiles, ensorcelantes, pour lui faire comprendre toute la joie que me donne sa merveilleuse beauté.

Mais les mots ne peuvent pas exprimer l’adoration. Seuls, les agenouillements, et peut-être, des cris, oui des cris sauvages, des hurlements, et des larmes, sont capables de rendre l’intense palpitation du fervent qui contemple un visage divin.

Oui, des cris !…

Oui, des pleurs !…

L’extatique, qui voit apparaître son dieu, dans une cathédrale miraculeuse, est ainsi, brusquement anéanti ; toute vie s’arrête, il semble que