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DOUCES AMIES

L’auto nous emportait…

Par instants, à travers la soie des stores, nous apercevions la lueur éclatante des phares des voitures courant, à travers les allées et les avenues, et l’illumination rose des restaurants, Armenonville, Madrid, le Pavillon Royal.

Ma mie avait alors des effarements exquis… « Oh ! faisait-elle en riant, si on nous voyait, chéri, si on nous voyait ! »

Pour qu’elle craignît ainsi les regards indiscrets, c’est, vous le pensez bien, que nous avions alors l’audace sereine et magnifique des nymphes et des dieux.

L’amour nous emportait dans ses douces et éperdues réalités ; nos lèvres maintenant ne se quittaient plus.

Ma Vénus tout entière palpitait, se pâmait.

Le nuage blanc et bleu que formait la robe de mon aimée sur son corps d’Aphrodite, par un mystère que je ne cherchai point alors à m’expliquer, mais qui était simplement l’œuvre d’une couturière habile, s’était entr’ouvert et ne faisait plus, sur les roses du corps, qu’un peu de nuée légère, s’effaçant sous mes doigts…

Nous n’étions plus dans une voiture, mais dans un temple véritable, temple très modern style avec ses tentures roses éclairées par les phares. Et les seins de l’aimée, et ses hanches fleuries,