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DOUCES AMIES

amie et ce fut le long, le palpitant baiser de tendresse passionnée. Pendant ce temps, mes mains parcouraient le corps adoré ; et toute la chair frémissait, semblait-il, en mes doigts.

Sous sa robe blanche et bleue, mon amie n’avait ni jupe, ni fanfreluche, ni tous ces vains objets de toilette féminine qui dissimulent et alourdissent les grâces, et dissimulent les lignes.

Ô femmes, en ces étés, faites comme ma mie. Renoncez à ces choses de batiste ou de soie qui sont, sous votre robe, de lourdes enveloppes, d’inutiles écorces : certes, je le sais bien, nos mains d’amants se plaisent parfois à effeuiller ces pétales de fleurs, pour prolonger l’attente, pour aiguiser le désir. Mais en ces aoûts brûlants, nous aimons la fraîcheur délicieuse de votre peau, vite trouvée.

Croyez-moi, laissez donc chemises, jupes, pantalons. Soyez toutes nues, avec des bas à jour, des bas fins et soyeux, qu’un ruban noue au-dessus des genoux ; ayez pour tout costume une robe de ces tissus légers, floconneux, semblables à l’écume de l’Océan qui habillait Vénus, quand elle naquit, près de la rive bénie. Quelques bijoux, un chapeau magnifique et riche compléteront la toilette. Et vous serez, ainsi, nos divines triomphantes.