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DOUCES AMIES

Mon régal, le voilà, oui, déjà… quelle allégresse, quelle joie !… J’adore mon idole, et les doigts d’Aphrodite palpitent doucement dans mes doigts frissonnants.

— Mon amour, tu es belle, oh ! suprêmement belle !… Je t’aime, je t’adore… Tout en toi m’émerveille… Ta voix et ton silence, ton rire et ta tristesse. Te contempler, t’avoir, te sentir près de moi !… je ne désire rien de plus que cette liesse !… Oh ! ma joie, mon bonheur, mon amour et ma vie !…

— Mais je croyais, monsieur, que vous ne m’aimiez plus ! Car vous me l’aviez dit : votre amour était mort !…

— C’est vrai… J’ai renié ma foi et ma croyance… Hier j’étais un fou, j’étais un malheureux !… Pardonnez-moi, m’amour, pardonne mon blasphème !

Mais elle ne dit rien… Je suis épouvanté. Et je cherche ses yeux, ses bons yeux qui m’enchantent…

Quel éblouissement, et quelle apothéose !

La nuit a envahi notre tente. Le noir est partout. Mais une lueur mystérieuse illumine le visage de mon idole d’une clarté très douce et met une auréole au-dessus de son front. Et ses traits ont ainsi une splendeur nouvelle. Ce n’est plus maintenant un rêve de nuit d’été. C’est la réa-