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DOUCES AMIES

tant que par les routes de roses et de lys, la volupté ardente, par vous, nous est révélée !

« L’amour et la douleur, qui sont inséparables, ô femmes, nous les buvons, avec ivresse, à tous les calices de votre beauté !… »

Puis, son exaltation tomba. Le vieil homme, soudain, se retrouvait, loin du ciel, sur la terre, devant le lac, dont les eaux mordorées s’épandent sous le soleil, avec les tons fauves d’une vaste et frissonnante chevelure de femme… Et des larmes coulaient, maintenant, de ses yeux…

Les hommes de la morale sans doute, eussent jugé que ce vieillard était une outre de débauches, un vulgaire orgiaque.

Je le considérai comme un martyr d’amour, un crucifié de l’éternelle et divine Passion.

Il vint, quelques jours plus tard, m’apporter trois cahiers :

« Lisez ceci, me dit-il : je crois que ces simples notes, écrites au jour le jour, pourront vous intéresser. Trois figures de femme illuminent ces pages… Je me suis efforcé à peindre leur beauté ; peut-être découvrirez-vous aussi l’aspect de leurs âmes… petites âmes frivoles, exquises, délicieuses. Elles m’ont torturé, incons-