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DOUCES AMIES

Dans le décor splendide du Bois des féeries, nous avons choisi, là-bas, près de la Seine, ce parc de lumières et de verdures, où ressuscitent chaque soir les légendes d’amour des beaux siècles passés.

Des musiques lentes et voluptueuses animent le paysage, Des ombres blanches passent, se dissipent bientôt derrière les arbustes. On entend clapoter doucement l’eau du fleuve. Et les belles qui s’enfuient, dans les bosquets, au bras des amoureux, elles vont — on le croit — s’embarquer pour Cythère…

Des tables fleuries, semées dans ces bosquets, invitent les amants aux soupers alanguis.

Ma divine est entrée dans une tente — et la cabane de toile est maintenant un temple. Sa beauté illumine le plus humble décor.

Le gazon qu’elle foule devient un piédestal ; le siège qui l’accueille est maintenant un trône. Ce coin de restaurant parisien, désormais, est l’Olympe tout entier — puisqu’Elle est Aphrodite.

D’autres couples, là-bas, font sans doute le même rêve. Mais ils sont sur la terre, ces amants que je vois perdus dans les verdures et les phosphorescences roses des lampes électriques… Moi, je suis dans le ciel !…

Toi seule, ô mon amour, réalise ce miracle suprême. Toi seule, la mieux aimée, l’unique