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DOUCES AMIES

— Pourquoi donc riez-vous ? me dit sa douce voix.

J’aurais voulu répondre, lui dire brutalement ma joie de me sentir libre, donc plus l’aimer !… Mais à quoi bon parler, prononcer d’inutiles et grotesques paroles ?… Lui faire cet aveu, et crier fièrement ma victoire soudaine, mais elle rirait aussi ! Que je t’aime ou que je ne t’aime point, que t’importe, ma belle ? Je fus jusqu’à ce jour ton joujou, ton pantin !… Avant moi, ne t’es-tu pas lassée de cette comédie ? Nous avons, l’un et l’autre, savouré pour deux sous de rêve, d’illusion ; et le jeu est fini !… Le rideau est baissé !… De profondis, amour, pauvre mirage d’amour !… Et toi mon cœur de pierre, qui avais cru revivre, va, va, voici la paix, tu ne palpiteras plus…

Rions, ma mie, veux-tu… Les amours les plus courtes sont les meilleures, dit-on ! Le nôtre fut alors parfait ! Combien de temps, au juste, a-t-il duré ? Voyons ?…

Un regard… un frisson… une étreinte des mains… un frôlement des lèvres… C’est tout, je crois… c’est tout… Une heure d’allégresse !… Bonsoir, l’amour, bonsoir… Nous ne nous aimons plus !

Pourtant, ne rions pas… nos rires sont mauvais, et presque sacrilèges…

Si nous avons senti — une heure, une minute