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DOUCES AMIES

indéfinissable… Hélas, je ne puis pas te dire, t’expliquer la passion ardente emportée et recueillie qui palpite en moi. De la folie : peut-être ! Non, non… Le fou s’exalte, mais il ne sait pas ce qu’il éprouve. Je sens, très profondément, en moi, un bonheur absolu… Ah ! mes yeux t’ont bien prise : j’ai emporté ta chère image ! Elle est en moi, et maintenant, jour et nuit, je t’aurai, toujours, dans mes yeux, dans mon cœur, ô toi, qui est ma vie, mon âme, mon bonheur !… »

XII

L’angoisse et la tristesse qui emplissaient ses yeux, si souvent, ses chers yeux, — cette angoisse que rien ne pouvait dissiper et qui se dressait, autrefois, entre nous, comme un lac de ténèbres ; cette tristesse maudite qui surgissait soudain, en vapeur grise, dans ses yeux bleus, à nos heures les plus tendres — l’angoisse et la tristesse, maintenant, sont éteintes.

Dès qu’elle m’aperçoit, son regard s’illumine d’une clarté de joie. Son visage s’épanouit, fleurit, se transfigure.