Page:Emery - Douces amies, 1920.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
167
DOUCES AMIES

Après ta chère âme nue qui s’était d’abord laissé surprendre, j’ai contemplé la merveille de ton beau corps sans voile. Ah ! tu ne voulais pas… Tu avais peur d’être adorée… Je me rappelle, avec béatitude, tes gestes de refus qui s’efforçaient de me repousser, alors que j’effeuillais, comme une fleur géante, ma bien-aimée. Une à une, les corolles de soie et de linon se détachaient sous mes mains ; après la robe, les jupes, le corset, la chemise.

Tu étais si timide alors et si tremblante ! Échappée de mes mains, tu avais éclipsé, dans un mouvement de pudeur, la lumière des lampes électriques. Mais la lueur d’une veilleuse subsistait. Et dans la pâle clarté qui te baignait, mes yeux ont admiré ta splendeur magnifique. J’étais heureux, suprêmement. À tes pieds, agenouillé, mes mains s’accrochaient à ta chair, emprisonnaient tes hanches, te faisaient une ceinture, car tu voulais t’enfuir…

J’admirais le reflet divin de ton âme dans les formes harmonieuses et belles de ton corps. Et mon admiration me donnait une allégresse si violente, qu’un instant elle t’effraya…

Ah ! mon cher trésor, ce n’était pas seulement le désir de la volupté qui agissait alors si fortement sur mon cœur, au point de le dérégler, jusqu’au spasme qui, tout à coup, te causa cette