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DOUCES AMIES

leures extases, les plus suaves allégresses, les suprêmes béatitudes.

« Pour atteindre le ciel, dans l’amour d’une femme, vous devez bien savoir qu’il ne suffit pas de se ruer sur cette femme avec la furie superbe et la faim dévorante du désir sensuel. Apaiser sa famine, en de pareils régals, m’a toujours semblé l’assouvissement bestial d’un instinct animal. Moi, j’ai surtout voulu l’épanouissement du cœur, l’assomption des âmes, sans mépriser toutefois la glorification des chairs, qui sont transfigurées alors, purifiées, magnifiées…

« Oh ! la possession totale, miraculeuse de l’idole vers laquelle on s’est haussé, par une adoration formidable, éperdue !… Ce n’est plus de la jouissance, de la sensation ; mais un vertige des cieux, une volupté fulgurante, formidable, une métamorphose enfin qui nous transmue en dieux…

« Oui, vraiment, à ces heures surhumaines, nous sommes des « Tout-Puissants !… »

« Mon langage peut paraître excessif et hyperbolique… Vous me prenez peut-être pour un décervelé qui célèbre sa monomanie. Il est de mode, oui je le sais, de ravaler l’amour, de le salir, de le mépriser. Ainsi que les limaces flétrissent les plus belles roses, il s’est trouvé des hommes pour déjecter leur bave sur la fleur