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DOUCES AMIES

À peine assis à côté de Marcelle, comme je cherchais sa main, elle se pencha, m’offrit sa bouche…

Nous arrivions sur la place de la Concorde, dans un flot de voitures et d’automobiles fleuries de jeunes femmes aux lumineuses toilettes de Mai. J’aperçus tout à coup des visages effarés, souriants ou moqueurs, que notre embrassement avait étonnés. Je me jugeai assurément un peu ridicule, n’étant plus à cet âge de printemps naissant qui autorise toutes les folies ; mais néanmoins, une allégresse joyeuse me transportait. Ah ! tous ces gens pouvaient rire, me railler, me blâmer ! Notre jeune amour était bien loin de leurs sarcasmes et de leurs pudeurs. Il planait au-dessus des foules, dans l’éther bleu resplendissant, rayon terrestre mêlé aux rayons du soleil…

Nous allions maintenant, dans les ombres du Bois, sous les jeunes feuillages des marronniers et des acacias. Marcelle ne cessait de me prendre les mains, de se pencher sur moi, et de chercher mes lèvres. Délicieusement caline, elle me distribuait des caresses délicates et murmurait des paroles troublantes.

Elle me disait : Tu vois, tu vois, il faut que je te touche, que je te tienne, que je m’accroche à toi ! Mes mains te pétrissent, voudraient se