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DOUCES AMIES

Oh ! Marcelle, pourquoi, pourquoi m’avoir menti…

Je la voyais pâmée dans les bras d’un amant, prodiguant ses sourires, ses baisers, ses délices…

Elle me donnerait à moi des sourires pareils, les mêmes baisers, les mêmes délices…

Hélas ! mon pauvre rêve…

Et je fus sur le point d’écrire, pour refuser la fête que Marcelle m’offrait.

Quelques heures de plaisir… le triste enchantement pour celui qui voulait un océan d’amour.

Or, toute mon affliction s’évanouit sous le regard attendri de Marcelle.

Devant une psyché, chez la modiste, elle essayait un chapeau. Elle m’aperçut dans la glace, et aussitôt elle se retourna, si émue, si troublée, qu’elle fit choir sur les tapis les formes et les fleurs qu’une première avait entassées pour tenter sa cliente…

— Comme vous êtes gentil, mon amour, me dit-elle. Venez bien vite. Vous aller me dire ce qui vous plaît, ce que vous aimez… Comment trouvez-vous ce grand chapeau bergère…

— Vous êtes ravissante…

— Mais ces roses sont trop rouges !… Mon teint semble fané parmi leur vive couleur…