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DOUCES AMIES

et nerveuse, ce matin ; mon vilain spleen s’est en allé, vapeur légère, à la douce clarté de votre bon regard, à la caresse de vos paroles câlines… oh ! je voudrais souvent, souvent, vous avoir ainsi près de moi… plus près encore… dans mes bras !… Je fermerais les yeux… et vous me berceriez… et je m’endormirais ! Ce serait délicieux… Bientôt, si vous voulez… Je vous écrirai, je vous donnerai un rendez-vous. Nous passerons l’après-midi et la soirée ensemble…

Pendant plus de quinze jours, j’attendis cette lettre… Je ne l’espérais plus, lorsqu’elle m’apporta l’allégresse promise, mêlée d’un peu d’angoisse.

« Excusez-moi, écrivait Marcelle. J’ai eu, ces jours passés, des ennuis innombrables. Ma femme de chambre m’a quittée, j’ai dû courir les bureaux de placement. Puis il m’a fallu aller à ma chaumière, pour des réparations urgentes… Ensuite, ma mère a été malade… Enfin nous allons nous voir, si vous voulez encore. Demain, je serai à deux heures, chez Micheline la modiste de la rue Royale… Venez m’y prendre… »

Une senteur de mensonge et de duplicité s’exhalait de ces phrases. J’en étais convaincu, Marcelle mentait.

Puis je remarquais, avec dépit, que décidément