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DOUCES AMIES

Alors je deviens lâche, et je tremble, et j’implore :

« Marcelle, tes chers yeux, je t’en prie, tes bons yeux ?…

Ô miracle d’amour ! Soudain tout s’illumine. Cette avenue jamais ne fut plus magnifique. C’est la voie triomphale et sacrée du bonheur. Nous sommes maintenant devant l’Arc Impérial. Et le vainqueur, c’est moi ; aucun Imperator ne connut allégresse, gloire, apothéose égales à celles que j’ai conquises !… Nul homme, dans les siècles abolis, dans les âges futurs ne jouira d’une heure plus enchantante que mon heure de triomphe…

Marcelle m’a donné avec ses yeux sa bouche. Oui, parmi cette foule, ne voyant plus personne, elle m’a tendu ses lèvres ; et j’ai pris son baiser, devant l’Arc-de-Triomphe, dans l’immense flamboiement d’or du soleil de juin…

X

En me quittant, elle avait dit :

— Comme je me sens heureuse, aujourd’hui… Mon cœur est plein de joie. J’étais un peu triste