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DOUCES AMIES

« Si nous considérons la femme telle qu’elle est, en réalité, avec ses tares physiques — la plus Belle est toujours si imparfaite ! — avec ses taches morales, ses fanges intellectuelles, il nous est impossible de l’aimer, de la bien aimer ! On peut avoir pour elle un transport de désir, un goût assez violent — mais de l’amour non pas…

« Car on n’aime qu’un Dieu ou une Idole ! L’adoration est nécessaire à la vie de l’amour. Dès l’instant où nous regardons la femme comme notre égale, elle n’est plus pour nous qu’une chair à plaisir, une camarade de lit.

— Elle n’est plus l’Aimée !…

« Moi, j’ai voulu aimer !…

« Je me suis créé, sur cette terre, des paradis splendides ; je les ai peuplés de radieuses idoles. Je les ai toutes aimées, infiniment aimées…

« Les unes m’ont rendu tendresse pour tendresse. D’autres m’ont supplicié ; ont raillé ma passion ; dévasté mes espoirs. Mais je conserve le même souvenir pieux et la même adoration à celles, très clémentes, dont le baiser ne me versa que miel, et à celles, plus farouches, qui m’abreuvèrent de fiel…

« Mon cœur est, malgré tout, demeuré le sanctuaire inviolé où leurs pures et saintes images seront toujours dressées. J’ai connu les meil-