l’assiette révolutionnaire que Marcelle m’avait donnée, et murmura lentement :
« Pran garde au chat ! »
En disant ces mots, il me regardait sournoisement.
Je déclarai :
— Madame Vouvray est délicieuse. Cette assiette est très rare ; je ne voulais pas l’accepter. Mais elle a tellement insisté !…
— Oh ! fit M. de Santillon, vous aviez tort en refusant ! Quand une jolie femme vous offre quelque chose, il faut prendre… sans hésiter… Oui, oui, madame Vouvray est une jeune femme exquise. Elle a vraiment le cœur sur la main…
M. de Santillon ricana :
— Ah ! elle est bien bonne !… Quel lapsus mon ami… C’est votre faute, excusez-moi… Je pensais encore à l’inscription de la faïence… au chat que notre amie vous a offert en souvenir… Gardez précieusement cette assiette !…
Ainsi que tous les vieillards, M. de Santillon aime les phrases équivoques : on dirait qu’ils se sentent rajeunir, quand ils débitent des polissonneries.
Celle-ci m’agaça, et je crois que je dissimulai assez mal mon irritation…
Quelques jours plus tard je quittai la gentilhommière que n’éclairait plus la grâce de Marcelle.