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DOUCES AMIES

nais à leur verser les fluides de ma tendresse, à les imprégner de ma ferveur et de mon amour.

Ses petites mains se lièrent sur son front, m’attirèrent lentement. Une douceur suprême m’apparut dans l’azur pâle de ses yeux alanguis.

— Comme tu m’aimes, dit-elle !… Oh ! reste reste, longtemps… Je goûte en ce moment un apaisement délicieux, une suavité ensorcelante. Enchaîne-moi dans tes bras. Oh ! j’aimerais ainsi m’assoupir, m’endormir, en un de ces demi-sommeils lucides, où l’on garde encore la sensation troublante de la vie ; tu me presserais contre ton cœur, nos bras et nos jambes noués s’étreindraient mollement ; j’entr’ouvrirais mes paupières pour retrouver tes yeux, et toute la nuit se passerait ainsi, dans cette douceur inconnue que j’éprouve avec toi… Ton amour est exquis, bienfaisant et nouveau…

— Oh ! je veux qu’il efface toutes les empreintes anciennes que d’autres ont laissé dans ton cœur, sur ta chair. Je veux créer en toi, une tendresse jeune et fraîche, une joie printanière… Marcelle, je t’adore… Marcelle, tu m’aimeras ?…

Au lieu de me répondre, elle me donna sa bouche… Son baiser était un parfum et un miel. Ses lèvres se fondaient, sa langue ruisselait, et je buvais, je m’enivrais…