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DOUCES AMIES

Sa tête caressante et troublée se courba vers mon épaule. Un murmure, plus doux encore, me ravit :

« Ils m’ont dit, tes chers yeux « Marcelle, je t’adore !… Je t’adore !… Je t’adore !… » Ils me l’ont dit cent fois !!!…

Et tout en l’écoutant, je découvrais en elle de la douleur lointaine et de la volupté proche. Oh ! ses yeux, ses grands yeux pleins d’éblouissements, de mystère, de tendresse.

J’allais prendre ses lèvres. Elle laissa tomber sa tête sur mon épaule et balbutia tout bas :

— Alors, vous m’aimez un peu, un tout petit peu ?…

— Je ne vous aime pas, Marcelle, répondis-je, non, je ne vous aime pas un peu. Je vous adore, passionnément, je vous chéris immensément.

Elle se redressa, me prit les mains, les serra nerveusement.

— Non, non… Je ne veux pas que tu m’aimes ainsi. Un peu, très peu, pas davantage, veux-tu…

— Je veux, Marcelle chérie, te donner un amour éperdu…

— Mais moi, je ne veux pas.

Et la tristesse de ses yeux flamboyants s’accentuait.

— Aime-moi, dis, comme je te le demande. Redoutons les grandes passions, elles déchirent,