Page:Emery - Douces amies, 1920.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
DOUCES AMIES

Et ses yeux ondoyants, ses yeux pleins de lumières, sans trêve, s’incendiaient de feux nouveaux, de flammes plus vives, de reflets plus troublants.

Je ne me lassais pas de contempler ses yeux. J’y cueillais le bonheur radieux et absolu.

Ah ! vraiment tout le ciel tient dans les yeux d’une femme. Aucun Dieu ne pourrait nous donner des splendeurs plus belles, des liesses plus complètes !…

Tu m’as donné le ciel, Marcelle, chère aimée, dès ton premier regard. Désormais, tu pourras me trahir, me leurrer, déchiqueter et supplicier mon cœur, jamais je n’oublierai ces heures extasiées, où ne m’accordant rien de plus que tes beaux yeux, tu m’as cependant donné l’infini du bonheur…

… Et ma joie contenue, la joie tumultueuse qui bouillonnait dans mes veines et mes os, incendiait mes moelles, tout à coup éclata, frémissante et fougueuse, lorsque sa voix câline, tendrement murmura :

« Ami, vos yeux me parlent et je comprends vos yeux ! »

Dans ma gorge, que l’émoi intense garrottait, des mots purent enfin balbutier, tremblants :

« Que vous disent-ils donc, que disent-ils, mes yeux ? »