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DOUCES AMIES

pas ! Et j’avais compris qu’il ne tenait pas à me renseigner davantage.

Cependant, il avait dû sentir, le vieux rusé, que j’adorais déjà cette blonde exquise et capiteuse, dont le charme troublant devait ensorceler quiconque la voyait. Je l’adorais — pour cette beauté subtile et voluptueuse qui flambait dans ses yeux, se répandait en parfums enivrants autour de sa chevelure, flottait dans ses costumes et coulait de sa main, quand elle la tendait, en geste d’amitié…

Elle parut.

— Vous êtes gentil d’être venu. Vous allez me distraire. Je m’ennuie tant ici.

— Vous ennuyer, m’écriai-je, dans ce superbe cadre de campagne qui vous environne ! Votre chaumière et son parc fleuri forment un véritable Éden, où les jours doivent couler parés d’enchantement et de fête.

— Oh ! dit-elle, vous ne parleriez pas ainsi, cher monsieur, si vous y passiez une semaine… Moi, je vous l’avoue, je m’y ennuie, à pleurer… comme je m’ennuie partout, du reste. C’est si triste, n’est-ce pas, de vivre toujours seule…

— Toujours seule ! balbutiai-je…

— Seule, non, j’ai ma mère avec moi, et une petite nièce… Pourtant, c’est l’isolement…

Et son regard timide me souriait tristement.