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DOUCES AMIES

cravate pour Mme Vouvray ; et je serai ravi de lui offrir ce petit rien demain, quand elle viendra déjeuner avec nous.

— Qu’avez-vous déniché ce matin dans la forêt ? me demanda mon ami, apercevant le paquet, soigneusement emballé dans un journal, que je portais sous le bras.

— Oh ! faites-voir, montrez-nous vos trouvailles, murmura la jeune femme.

Leur curiosité m’amusait. Avec des gestes lents, je dépouillai l’assiette que j’avais trouvée dans la cabane d’un garde-chasse.

— C’est une simple faïence de Nevers, qui n’a pas grande valeur, mais qui est assez rare ; le décor est joli, d’un beau style Louis XV. Voyez comme ces fleurs sont amusantes dans la simple corbeille qui les supporte. J’aime leur émail au bleu luisant, à l’ocre mat ; mais les dessins du marly surtout sont curieux, avec ce papillon et cet oiseau fantastique aux plumes d’or et d’azur, un paon sans doute…

Loin d’admirer mon assiette, M. de Santillon souriait. De même Mme Vouvray jugeait sans doute mon enthousiasme ridicule et puéril, car elle s’était levée pour cueillir une jacinthe rose qu’elle accrochait à son corsage.