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VI

M. de Santillon chauffait ses rhumatismes au soleil, dans une bergère couverte d’un Beauvais magnifique, et devant la grande porte en bois sculpté de sa gentilhommière. À ses côtés, Mme Marcelle Vouvray chiffonnait une dentelle d’Alençon, dorée par les années, que notre ami avait découvert, la veille, avec moi, dans une coiffeuse en bois de rose.

J’avais aperçu ce meuble dans un coin du castel. Le temps, en effaçant les nuances trop vives du bois des Îles, lui avait imprimé une patine adorable, le ton indécis d’une feuille morte depuis longtemps. M. de Santillon ne comprenait pas mon admiration pour cette vieille chose, qu’il n’avait jamais considérée. J’avais levé les battants du meuble, et découvert dans les tiroirs d’adorables étoffes éteintes, deux flacons de cristal, des dentelles centenaires. J’avais révélé à mon ami la valeur de ces restes précieux et loué leur joliesse.

— Cet Alençon, me dit-il, fera une exquise