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DOUCES AMIES

Toute cette désolation sans doute est nécessaire à notre cœur.

Après les resplendissements, puis les crépuscules d’un amour trépassé, nous devons subir les lois mystérieuses de la nature qui veut la succession des lumières et des ombres, des renouveaux et des hivers.

… Ainsi, depuis des mois nombreux, j’errais, désemparé ; toute joie s’évanouissait autour de moi.

L’allégresse du printemps naissant ne me pénétrait pas de sa tiédeur joyeuse. Le parfum des narcisses et des jacinthes ne m’apportait aucun enivrement. La beauté des passantes n’allumait plus de rayons dans mes yeux.

Étais-je donc désormais condamné à vivre sans amour !

J’avais appelé, de toutes les forces de mon être, la Bien-aimée future qui m’enchanterait ; j’avais entrevu, dans mes rêves, la beauté de Celle par qui mon cœur enfin devait ressusciter.

Mais chaque jour décevait mon espoir et repoussait mon rêve.

Je me serais abandonné lâchement à ma détresse, si je n’avais connu le sûr et triomphant pouvoir de la volonté.

Les magiciens m’ont enseigné les arcanes et la science suprême.