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DOUCES AMIES

davantage — blonde, idéalement blonde, — brune mystérieuse, — rousse aux cheveux d’or, aux parfums vénéneux, — je ne t’aperçois pas dans les rues paisibles des villes provinciales, où j’espérais te voir !

Ni sur les routes désertes, ni derrière les fenêtres des vieilles demeures, — parce que l’heure n’est pas encore venue, et que demain, seulement, doit me réjouir ta bouche !

V

Demain !… demain… demain… Comme nous les maudissons, ces jours gris et stériles où notre espoir vaincu se lamente et se désespère.

On croyait que l’aurore nouvelle nous apportait l’amour. Mais les heures ont passé, lentes et sournoises, sans nous exaucer, nous dépouillant d’un peu de notre jeunesse et de notre foi.

Jours perdus ! Jours absurdes ? On marche dans le désert. On s’abandonne parfois aux leurres des mirages. On aime une nuée. On presse sur son cœur des formes illusoires dont le baiser révèle l’amertume du néant.