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DOUCES AMIES

seins ; alors, nous ne résistons plus à la tentation divine.

Maintenant, te voici, timide et frissonnante ; mes mains ont arraché les robes, la chemise. Toute nue, dans l’éclat de la splendeur enchanteresse, je ne me lasse plus de te contempler. Ta beauté me ravit : plus belle que mon rêve, tu m’offres des trésors abondants et superbes. Ta souple chevelure où mes mains et mes lèvres se plongent, ton visage imprégné d’amour et de volupté, ta gorge qui s’agite, tes jambes qui se tordent, tes hanches qui pantellent, tout ce corps blanc et rose m’émerveille, m’affole. Pour un pareil régal, deux lèvres, c’est trop peu !

Or, pour te mieux saisir, pour te mieux enserrer, mes bras se tendent, et c’est le vide qu’ils étreignent. Le mirage s’efface. Je me retrouve seul, assis sur un vieux banc de pierre, dans le parc de Versailles, ou couché sur les gazons humides des bois de Vaucresson…

Je te cherche partout. Où donc te caches-tu ? Tu ne te caches pas. Ainsi que moi, tu t’éplores, tu maudis le mauvais sort qui nous éloigne et nous sépare encore. Et je suis sûr qu’à ces heures douces et cruelles de rêve, où je crois t’avoir enfin conquise, tu es pareillement hallucinée et emportée aussi dans la magie de ces irréelles visions d’amour. Et, qui sait ? le mys-