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DOUCES AMIES

et dans ces déserts des banlieues, perdu, désorienté, j’ai des mirages exquis, des mirages décevants, mais suaves, de nos joies futures.

Des paysages sales et galeux se parent de beauté, s’éclairent de rayons.

C’est que je t’y vois déjà, ma chère amante, réfugiée dans mes bras, et toute secouée par la tendresse et la volupté.

Tes yeux, tes grands yeux clairs et câlins me disent leur désir inépuisable et fou.

Nous prolongeons quelques instants encore l’attente qui fut si longue. Je ne veux pas si tôt te dépouiller de tes vêtements pour cueillir le parfum de ta chair tiède. À travers les étoffes, mes mains se plaisent et se promènent ; elles reconnaissent les formes adorables, les lignes pures, les reliefs somptueux de la gorge et des hanches.

Et nos lèvres se joignent, nos bouches s’entrelacent ; je bois une liqueur ambrée et poivrée que le baiser profond fait jaillir en perles rares et précieuses. Je me délecte, et je m’enivre, et je lutte : tes dents veulent m’interdire, par instants, de m’abreuver ainsi aux nectars de ta bouche. Mais je suis le plus fort, je triomphe, je pille, et je suis radieux. Tu me presses plus fort contre ta gorge, je sens la palpitation frémissante de tes