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DOUCES AMIES

Est-ce toi qui m’attends, derrière les vitres ? Il me semble qu’une forme s’agite, me fait un signe. Et j’attends, des heures, pensant que la fenêtre va s’ouvrir et que tu me crieras :

— Ô toi que j’attendais et que j’appelais, je te veux près de moi, viens, accours dans mon lit !

Mais la fenêtre ne s’ouvre pas. La lumière là-haut reste immobile ; et la maison muette ne s’entr’ouvrira pas !

Au matin, brisé, exténué, je me décide enfin à ne plus espérer. Et je rentre, le cerveau lourd, les jambes mortes. Un sommeil écrasant m’accable. Et seulement alors, un rayon vient à moi. Car, dans mon songe, je t’entrevois enfin, ô Toi, ma très-aimée : ta caresse descend vers moi, tes seins frôlent ma chair.

Pourtant, à mon réveil, quand je veux évoquer ton image chérie, me ressouvenir de ton visage, ô blonde, ô brune, ô rousse, que je ne connais pas encore, puisque je ne sais dire si tes yeux sont d’azur céleste ou de noir mystérieux — la vision ne jaillit pas, splendide et magnifique… non, je ne te vois plus… tu n’es plus qu’une forme imprécise et pâle, un fantôme évanoui…

Quand te verrai-je donc et t’aimerai-je, mieux que dans mes sommeils, ô Toi, Toi que j’attends ?…