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DOUCES AMIES

lierres s’accrochent aux vieux troncs ; et des bancs solitaires, que rouillent des mousses vieillies, offrent leurs refuges…

Oh ! j’aimerais, ma mie, t’apercevoir soudain, là-bas, dans ces solitudes. Mon cœur s’arrêterait débattre, je n’oserais tout d’abord avancer. Et tu t’approcherais doucement, tes beaux yeux à demi clos, et perdus dans leur rêve encore. Mais soudain ils me diraient l’émoi de ton cœur frissonnant qui me reconnaît, moi l’inconnu, et tremble en se disant : « C’est lui, oui, c’est lui, mon aimé ! »

Alors j’irais à toi. Nos mains s’enlaceraient, se prendraient, s’aimeraient à ce premier contact. Et ce mot, ce mot seul troublerait le silence :

— Toi !

— Toi !

Puis aussitôt, nos bouches anxieuses, nos bouches affamées, ne pouvant contenir l’élan qui les emporte l’une à l’autre, joindraient leur baiser infini, leur baiser de fiançailles amoureuses. Et nos lèvres ouvertes se mêleraient, boiraient des sucs troublants, se plongeant dans l’ivresse, si lourde, si parfaite du premier baiser ! Et ta langue, déjà voluptueuse et douce, allumerait en moi le fou désir d’étreindre ton corps énamouré, ton beau corps qui bientôt se mani-