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DOUCES AMIES

vers l’amour dresse toutes ses fleurs vers mes lentes caresses ; ce n’est pas dans le songe où, les yeux clos, tu vas en des pays — réels peut-être — pays charmants de lumière très douce et très pâle sous des bosquets fleuris, des nids embaumés pour l’étreinte des amants ; non, ce n’est pas surtout à ces heures nocturnes que tu me désires, et que tes seins pantellent, gonflés de chaudes sèves, tout prêts à se ruer vers ma chair passionnée.

Souvent, c’est le matin, à l’éveil.

Dans ton lit frissonnant et tiède, où tu es seule, tu me veux. Je te veux aussi. Nos désirs, à travers l’espace, se joignent, et nos cœurs battent, s’angoissent, jouissent et souffrent des mêmes palpitations.

Tu murmures alors. — Pourquoi n’est-il pas là, tout près, mon doux ami, lui que tant je chéris, que je n’ai jamais vu, que je ne connais pas ?… Oh ! si, je le connais. Je sais que ses baisers couleront en torrents, de mes yeux à mes lèvres, et qu’ils pénétreront en moi, pour m’incendier et me réjouir toute !

Et je soupire. — Pourquoi n’est-elle pas enliée à mes bras, et, comme une liane, attachée à mon corps ? Pourquoi mes lèvres n’ont-elles pas les pétales rouges de cette fleur, sa bouche, et les fruits abondants de ses seins ? Oh ! pourquoi ?