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DOUCES AMIES

Et cette vision n’était pas un mensonge, un leurre qui s’enfuit et se meurt au réveil.

Je suis de ceux qui croient, avec la confiance sûre des vrais croyants, en l’amour tout-puissant.

Je sais que notre Dieu nous envoie ces présages, lorsque là-haut, dans son infinie bonté, il lie — pour quelques jours, quelques mois, ou toujours ! — deux tendresses, et prédestine la maîtresse à l’amant.

Il t’a promise à moi. Il m’a donné à Toi. Mais avant que nos lèvres s’unissent dans la joie, nous prolongerons l’attente ; et longtemps, très longtemps nous n’aurons que des frissons, ces riens si exquis, si troublants, si délirants parfois.

Moi, je murmurerai mes douces litanies. Et seule, dans ton lit, la chair émue, vibrante, tu écouteras les paroles lointaines, et tu frissonneras de tendresse et d’espoir…

II

Et voici que déjà tu m’attends, tu m’appelles.

Ce n’est pas dans les nuits seulement, les nuits de fièvres folles où ton corps éperdu qui jaillit