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DOUCES AMIES

Eh bien ! je t’apprendrai d’autres joies ; le passé mourra, s’effacera, si banal et si froid !

Car c’est le sort, hélas ! de nos amours anciennes, de périr, de tomber dans l’éternel néant, dès que surgit, lumineuse et superbe, la passion nouvelle. Et la cendre même des baisers d’hier, la cendre des flambées triomphales s’éparpille aux vents tumultueux qui viennent attiser un nouvel incendie.

Vierge, tu oublieras les tout premiers envols de ton cœur ignorant qui essayait ses ailes en des flirts innocents ou frôleurs, pour n’aimer plus que moi.

Amoureuse, tu renieras les amants d’hier, tu auras même contre toi des révoltes et tu voudras laver ta chair des traces que leurs lèvres y ont posées. Souvent, tu pleureras, regrettant de ne pas avoir gardé pour moi les prémices de ta fleur.

Mais voici que déjà le frisson te caresse, rôde autour de ta nuque, érige la pointe de tes seins, comme un imperceptible et doux chatouillement. Ta bouche est plus humide et s’entr’ouvre en quête d’un baiser. Une angoisse t’énerve et te descend aux lombes. Tandis que ton œil se clôt à demi, c’est ton âme qui écoute mon murmure et comprend que, pour toi seule, je m’acharne à trouver des paroles très tendres, harmonieuses