vertu. Sa chair est une chair d’ange, toute vie, toute sensibilité. « L’enfance », disait Coleridge, « montre le corps et l’esprit ne faisant qu’un : le corps est tout animé. » Toute la journée, entre ses trois ou quatre sommes, il roucoule comme un pigeon domestique, bredouille, s’agite, prend des airs d’importance, et quand il jeûne, le petit Pharisien ne manque pas de sonner la trompette devant lui. À la clarté de la lampe, il fait ses délices des ombres sur le mur ; à la lumière du jour, du jaune et du pourpre. Portez-le au dehors — le voilà subjugué par la lumière et l’étendue des choses, et il reste silencieux. Puis, il commence bientôt à se servir de ses doigts, et fait l’apprentissage de la force, leçon de sa race. D’abord, cette activité se manifeste sans grand dommage par des goûts architecturaux. À l’aide de morceaux de bois, de bobines, de cartes, de pièces du jeu de dames, il construit sa pyramide avec la gravité de Pallade. Avec un appareil acoustique fait de sifflets et de hochets, il expérimente les lois du son. Mais surtout, comme ses compatriotes plus âgés, le jeune Américain étudie des modes de transports nouveaux et plus rapides. Se défiant de la capacité de ses petites jambes, il désire chevaucher sur le cou et les épaules de toute créature vivante. Rien ne peut résister à ce petit magicien — ni la supériorité de l’âge, ni le sérieux du caractère ; oncles, tantes, grands-pères, grand’mamans, lui sont une proie facile : il ne se soumet à personne, et tous se soumettent à lui ; tous gambadent, lui font des mines, babillent et gazouillent. Il chevauche sur les épaules les plus fortes, et tire les cheveux aux têtes couronnées de lauriers.
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