même un bel esprit et un fier-à-bras, et quelque chose de plus : c’est un « gradué » de la charrue, de la houe et de la serpe ; il connaît tous les secrets des marais et des bancs de neige, et le labeur, la pauvreté, le pénible travail de la ferme n’ont rien à lui apprendre. Son rude cerveau a passé durant l’enfance par la discipline du Calvinisme, avec textes et mortifications à l’appui, de sorte que dans une réunion d’auditeurs de la Nouvelle-Angleterre, il représente un spécimen de la Nouvelle-Angleterre plus pur qu’aucun d’eux, et lance ses sarcasmes de droite et de gauche. il n’a pas seulement les documents en poche pour répondre à toute contestation et prouver toutes ses assertions, mais il a en son esprit la raison éternelle. Un tel homme renonce dédaigneusement à vos institutions sociales — comté, ville, gouvernement, ou armée — il est sa propre maison et son artillerie, son juge et son jury, son pouvoir législatif et exécutif. Il a appris sa leçon à une rude école. Toutefois, si l’élève a l’étoffe voulue, la meilleure Université que l’on puisse recommander à un homme, c’est la lutte avec les foules.
Celui qui veut parvenir à la maîtrise dans cette science de la persuasion doit placer l’essentiel de l’éducation non dans les disciplines courantes, mais dans le caractère et la pénétration. Qu’il veille à ce que son discours ne se différencie pas de l’action ; qu’il comprenne que quand il a parlé, il n’a rien fait, ni fait aucun mal, mais s’est ceint les reins, s’est engagé à l’effort salutaire. Qu’il envisage l’opposition comme une opportunité. On ne peut le vaincre ni le supprimer. Il y a en lui un principe de résurrection, l’immortalité de l’idée. Les hommes se mon-