le don de la parole. Dans les débats portes ouvertes, ce précieux personnage prononce un discours que l’on imprime, et que toute l’Union lit ; il devient immédiatement célèbre, et l’emporte dans l’esprit public sur les hommes d’action, lesquels sont naturellement indignés de voir un être qui n’a ni tact ni capacité, et sait n’en point avoir, mis au-dessus d’eux tous, grâce à cette facilité de parole qu’ils dédaignent.
Laissant derrière nous ces prétentions plus ou moins justes pour nous rapprocher un peu plus de la vérité — l’éloquence attire en tant qu’exemple de la fascination qu’exerce l’ascendant personnel — c’est une résultante, une puissance totale, rare parce qu’elle exige un riche concours de forces : intelligence, volonté, sympathie, constitution physique et, par-dessus tout, le hasard d’une bonne cause. Nous croyons à demi à la possibilité d’un être capable de contre-balancer tous les autres. Nous croyons qu’il peut y avoir un homme à la hauteur des événements — un homme qui n’a jamais trouvé son égal, un homme contre qui les autres, élancés, se brisent ; un homme de ressources personnelles inépuisables, qui peut vous céder autant de points que vous voudrez, et remporter la victoire sur vous. Ce que nous désirons réellement, c’est un esprit à la hauteur de n’importe quelle circonstance. Vous êtes en sécurité dans votre district rural, ou dans la ville, en plein jour, au milieu de la police, et sous le regard de cent mille personnes. Mais qu’en serait-il sur l’Atlantique, au milieu d’une tempête ? Sauriez-vous comment faire pénétrer votre raison en des hommes désemparés par la terreur, et échapper sain et sauf ? — comment le