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depuis les Hébreux et les Grecs jusqu’à l’Écossais Glenkindie, qui

Pouvait pêcher dans la cascade,
Faire jaillir l’eau de la pierre,
Ou du lait du sein de la femme,
Qui jamais n’avait enfanté.

Homère s’est particulièrement délecté à peindre ce même portrait. Qu’est-ce que l’Odyssée, sinon l’histoire de l’orateur écrite en grand, poursuivie à travers une série d’aventures qui lui fournissent de brillantes occasions de manifester son talent ? Voyez avec quelle sollicitude et quel plaisir le poète l’introduit en scène. Du haut d’une tour, Hélène désigne à Priam les principaux chefs grecs. Le vieillard demanda : « Dites-moi, chère fille, quel est cet homme plus petit qu’Agamemnon de la hauteur d’une tête, et qui cependant a l’air plus large d’épaules et de poitrine ? Ses armes gisent sur le sol, mais il parcourt les rangs des soldats comme un chef. Il me semble un bélier imposant qui marche comme le maître du troupeau. » Hélène, fille de Jupiter, lui répondit : « C’est le sage Ulysse, fils de Laërte qui a été élevé dans l’île escarpée d’Ithaque, qui connaît toutes sortes de stratagèmes, et des plus artificieux. » Le prudent Anténor lui répondit : « Ô femme ! tu as dit vrai. Car jadis le sage Ulysse vint ici en ambassade avec Ménélas, bien-aimé de Mars. Je les reçus, et leur donnai l’hospitalité dans ma maison. J’appris à connaître le génie et la grandeur de discernement de tous deux. Quand ils se mêlèrent aux troupes assemblées et se tinrent debout, les larges épaules de Ménélas dépassaient l’autre ; mais