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de la passion de l’eau-de-vie, et aurait bien aimé savoir quelle est la vertu qui lui aurait rapporté autant. » Le tabac et l’opium ont de larges épaules, et s’il vous plaît de leur faire payer un haut prix pour les jouissances qu’ils donnent et le mal qu’ils font, ils porteront allégrement la charge des armées.

Ce sont là des traits caractéristiques, des mesures et des méthodes ; et le vrai critérium de la civilisation, ce n’est ni le cens, ni l’étendue des villes, ni les récoltes, non, mais, l’espèce d’hommes que la contrée produit. Je vois les vastes avantages de ce pays, embrassant la largeur de la zone tempérée. Je vois l’immense prospérité matérielle — villes après villes, États après États, et la richesse accumulée dans les puissantes constructions des cités, le quartz des montagnes de Californie déchargé à New-York pour être réempilé le long du rivage du Canada à Cuba, et de là retourner de nouveau vers l’Ouest, en Californie. Mais ce ne sont pas les rues de New-York construites par le concours des ouvriers et la richesse de toutes les nations — bien que s’étendant vers Philadelphie jusqu’à la toucher, et au nord jusqu’à toucher New-Haven, Hartford, Springfield, Worcester et Boston — ce ne sont pas ces choses qui font la valeur réelle. Mais quand je regarde ces constellations de villes qui animent et représentent le pays, et vois combien peu le Gouvernement a à intervenir dans leur vie quotidienne, combien toutes les familles se maintiennent et se dirigent elles-mêmes — groupements d’hommes en sociétés absolument naturelles — sociétés créées par le commerce, la parenté, les habitudes hospitalières — quand je considère dans chaque demeure l’homme agissant sur l’homme par