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À moins de s’élever au-dessus de lui-même,
Que l’homme est une pauvre chose !

Mais quand il s’appuie sur un principe, quand il est le véhicule des idées, il emprunte leur omnipotence : Gibraltar peut être fort, mais les idées sont imprenables et confèrent au héros leur nature invincible. « La grande leçon », disait un saint durant la guerre de Cromwell, « c’est que les meilleurs courages ne sont que des inspirations du Tout-Puissant. » Attachez votre char à une étoile. Ne nous épuisons pas en de pauvres besognes qui ne servent qu’à notre table et à notre bourse. Ne dissimulons pas et ne dérobons pas. Aucun dieu ne nous aidera. Nous trouverons tous leurs coursiers allant en une autre direction — le Chariot, la Grande-Ourse, le Lion, Hercule : chaque dieu nous abandonnera. Travaillez plutôt pour ces choses que les divinités honorent et favorisent — la justice, l’amour, le savoir, l’utilité commune.

Si nous pouvons aller ainsi en des Chars olympiens en orientant nos travaux dans la voie des circuits célestes, nous pouvons également mettre la main sur les agents mauvais, les puissances de ténèbres, et les forcer en dépit de leur vouloir à servir les fins de la sagesse et de la vertu. Ainsi, un Gouvernement sage impose des taxes et des amendes sur les plaisirs vicieux. Quel service le Gouvernement américain, qui n’est pas encore soulagé de son extrême indigence, se rendrait à lui même et rendrait à chaque village et hameau des États-Unis, s’il consentait à taxer le whiskey et aller presque jusqu’à la prohibition ! N’était-ce pas Bonaparte qui disait que les vices étaient d’excellents patriotes ? — « il tira cinq millions