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galvanisme, de la lumière, des aimants, du vent, du feu, nous sert jour après jour, et ne nous coûte rien.

Notre astronomie est pleine d’exemples de recours à ces auxiliaires. Ainsi, sur une planète aussi petite que la nôtre, le besoin d’une base adéquate pour les calculs astronomiques, afin de découvrir, par exemple, la parallaxe d’une étoile, s’est fait sentir de bonne heure. Mais ayant fixé par l’observation la place d’une étoile, grâce à un procédé aussi simple qu’une attente de six mois et une répétition de l’observation, l’astronome a trouvé le moyen de mettre le diamètre de l’orbite de la terre, disons deux cents millions de kilomètres, entre sa première observation et la seconde, et cette ligne lui a donné une base suffisante pour son triangle.

Toutes nos inventions visent à nous assurer ces avantages. Nous ne pouvons amener à nous les agents célestes ; mais si nous voulons seulement choisir notre tâche dans les directions où ils voyagent, ils l’entreprendront avec le plus grand plaisir. C’est pour eux une règle absolue de ne jamais sortir de leur route. Nous sommes de petits touche-à-tout remuants, et courons de-ci, de-là, ultra serviables ; mais ils ne s’écartent jamais de leurs voies préordonnées — ni le soleil, ni la lune, ni une bulle d’air, ni un atome de poussière.

Nos travaux manuels empruntent la force des éléments ; de même notre action politique et sociale s’appuie sur des principes. Pour accomplir quoi que ce soit d’excellent, le vouloir doit travailler en vue de fins larges et universelles. Faible créature, murée de toutes parts, comme l’écrivait Daniel,