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sorte que vous auriez pu l’entendre à la Meeting-house [indiquant la Maison de réunion de Quincy] et il avait la grâce d’un maître de danse, d’un acteur. Sa voix et ses manières lui servaient plus que ses sermons. J’y allai avec Jonathan Sewall. » — « Et vous en fûtes satisfait, monsieur ? » — « Satisfait ! Je fus ravi au delà de toute mesure. » Nous lui demandâmes si, à son retour, Whitefield avait continué à jouir de la même popularité. — « Ce ne fut pas la même passion », dit-il, « pas le même enthousiasme débordant d’autrefois ; mais il fut plus estimé à mesure qu’on le connut mieux. Il ne terrifiait pas, mais on l’admirait. »

Nous restâmes environ une heure dans sa chambre. Il parle très distinctement pour un homme aussi âgé, s’avance bravement en de longues phrases que le manque de respiration interrompt, mais les pousse invariablement jusqu’au bout, sans corriger un mot.

Il parla des nouveaux romans de Cooper, du Coup d’œil sur les Pèlerins, et de Saratoga, avec éloges, et en nomma exactement les personnages. Il aime avoir toujours une personne qui lui fait la lecture, ou du monde causant dans sa chambre, et quand il a des visiteurs du matin au soir, il se trouve mieux le lendemain.

L’après-midi du dimanche, il reçut, sans aucune excitation, un rapport prématuré de l’élection de son fils, et dit au reporter qu’il avait été mystifié, car il s’était écoulé encore trop peu de temps pour que les nouvelles pussent arriver. L’informateur, quelque peu refroidi, insista pour se rendre à la Meeting-house et annoncer la nouvelle à la Congrégation, qui fut si enthousiasmée que les gens se levèrent de leur