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nombre d’affinités et de forces dans les objets que nous avons déjà.

Cette sensibilité se manifeste dans l’hommage rendu à la beauté qui exalte les facultés de la jeunesse, dans l’influence que les formes et les couleurs exercent sur la pensée, et se montre encore quand nous voyons des yeux qui sont un honneur pour la race humaine, des traits qui expliquent les statues de Phidias. Fontenelle disait : « Il est trois choses dont je suis curieux, bien que je n’en connaisse rien — la musique, la poésie, et l’amour. » Les grands docteurs en cette science sont les plus grands hommes — Dante, Pétrarque, Michel-Ange, Shakespeare. Le sage Socrate traite cette question avec une certaine malice, cependant avec de très fortes expressions. « J’affirme toujours », dit-il, « qu’il se trouve que je ne connais pour ainsi dire rien en matière d’amour ; cependant en ce genre de savoir, je prétends être plus habile que qui que ce soit dans le passé ou le présent. » Ils peuvent parler de cette manière incertaine en ce qui regarde leur savoir, et de cette manière assurée en ce qui regarde leur pouvoir, car le secret est difficile à découvrir, tant il est profond ; toutefois le génie se mesure à son talent en cette science.

Quel est celui qui dans la jeunesse, la maturité, ou même la vieillesse, n’aime entendre parler de ces sentiments qui à l’Église font retourner les têtes bouclées et s’envoyer de l’un à l’autre, à travers l’assemblée, de merveilleux coups d’œil qui ne manquent jamais leur but dans la foule la plus nombreuse ? Le statisticien pénétrant compte par dizaines et centaines ; l’homme cordial s’intéresse à tout indi-