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le pauvre puritain, Antony Parsons, s’attacha de la paille sur la tête quand le feu approcha, et dit : « C’est le chapeau de Dieu. » Le courage sacré montre qu’un homme aime une idée plus que toutes choses au monde, qu’il ne vise ni au lucre, ni au confort, mais risque tout pour réaliser la pensée invisible de son esprit. Il est partout un libérateur, mais d’une indépendance idéale ; il ne cherche pas à avoir des terres, de l’argent, ou des commodités, mais à n’avoir d’autres limites que celles que lui impose sa constitution propre. Il est libre de dire la vérité, il n’est pas libre de mentir. Il désire briser par toute la terre les jougs qui empêchent ses frères d’agir selon leur pensée.

Il est des degrés dans le courage, et chaque pas en avant nous initie à une vertu plus haute. Disons donc nettement que l’éducation du vouloir est le but de notre existence. La pauvreté, la prison, la roue, le feu, la haine et l’exécration de nos semblables, semblent des épreuves au-dessus des forces du commun de l’humanité ; mais pour le héros dont l’intelligence est élargie par l’âme, et qui par conséquent mesure ses peines au bien que sa volonté entrevoit, ces terreurs s’évanouissent comme les ténèbres au lever du soleil.

Durant les périodes amollies de la paix, nous n’avons guère le droit de nous prononcer sur ces hauteurs de caractère exceptionnelles ; mais nous n’avons aucune garantie de sécurité. Dans la vie la plus retirée, le devoir difficile n’est jamais loin. Aussi devons-nous penser avec courage. Les scholars et les penseurs ont tendance à s’efféminer, et tremblent quand des cris plus rudes montent de la rue, ou que les journaux rapportent un acte brutal. Le collège