Il y a dans l’âme de l’homme la conviction qu’il est là pour une cause, que le Créateur l’a mis à cette place afin d’accomplir l’œuvre pour laquelle il l’inspire, et qu’ainsi il est supérieur à tous les adversaires qui pourraient se conjurer contre lui. La pieuse Mrs Hutchinson dit au sujet de quelques incidents de la lutte de Nottingham contre les cavaliers : « La grande leçon, c’est que les courages les meilleurs ne sont que des inspirations du Tout-Puissant. » Et partout où le sentiment religieux s’affirme d’une manière adéquate, ce doit être avec un courage éblouissant. Aussi longtemps qu’on l’insinue d’une manière lâche, comme avec le désir de défendre quelque intérêt particulier et temporaire, ou de l’amener à affirmer quelque dogme pratique que notre église paroissiale accepte aujourd’hui, on ne le communique pas, et il ne peut ni inspirer, ni créer. Car il est toujours nouveau, toujours il dirige et surprend, et la réalité n’est jamais à sa hauteur. Il paraît toujours dans le monde des hommes qui, presque aussitôt nés, prennent tout droit le chemin de la roue de l’inquisiteur ou de la hache du tyran, comme Giordano Bruno, Vanini, Paul, Jésus, et Socrate. Voyez les Vies des martyrs, par Fox, l’Histoire des Quakers, par Sewell, le Livre de l’Église par Southey, les in-folios des frères Bollandistes, qui ont réuni les vies de vingt-cinq mille martyrs, de confesseurs, d’ascètes, et d’hommes qui se sont mortifiés eux-mêmes. Beaucoup de ces récits sont fabuleux, mais ils contiennent un large fonds de réalité. L’épiderme délicat ne recule pas devant les baïonnettes, la femme timide n’a pas peur du bûcher ; la roue n’effraie pas, et la pendaison n’a rien d’ignominieux. Lié à la potence,