temps contrariée par les cambrioleurs et brigands de la rue, les imposteurs dans les charges publiques, et les voleurs siégeant au Tribunal ; ce rôle, le rôle du chef et de l’âme du comité de vigilance, doit être assumé par des hommes fermes et sincères qui sont réellement courroucés et résolus. D’ordinaire, nous avons une critique aigre qui observe et contredit le parti opposé. Nous avons besoin du vouloir qui va de l’avant et qui commande. Quand nous obtenons un avantage, comme l’autre jour au Congrès, c’est parce que notre adversaire a commis une faute, non parce que nous avons pris l’initiative et fait la loi. La Nature a décidé que ce qui ne peut se défendre soi-même ne sera pas défendu. Se lamenter plus hautement, et avec plus de raison que jamais, ne sert de rien. Dans le Kansas et ailleurs, on a entendu il y a longtemps beaucoup de verbiage de la part des partis de la paix ; on a entendu affirmer que leur force gisait dans la grandeur des injustices qui leur étaient faites, et déconseiller toute résistance, comme pour rendre cette force plus grande. Mais les injustices qu’ils subissaient étaient-elles plus grandes que celles du nègre ? et quelle sorte de force lui ont-elles jamais donnée ? Cette attitude a toujours invité la tyrannie, et engendré le dégoût chez ceux qui voudraient protéger la victime. Ce qui ne peut se tenir debout doit tomber, et la mesure de notre sincérité, et par conséquent du respect des hommes, c’est la somme d’énergie physique et de biens que nous hasardons pour la défense de notre droit. Quand je lui demande s’il ne va pas à la réunion municipale, un vieux fermier, mon voisin par delà la palissade, me répond : « Non ; il n’est pas
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