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comme la mère dirige l’enfant, ou comme celui qui sait plus dirige celui qui sait moins, et les conduit, heureusement surpris, au point précis qu’ils voulaient atteindre : un tel homme est suivi avec acclamations.

III. — La troisième chose excellente est le courage, le vouloir parfait que nulle terreur ne peut ébranler, que le dédain, les menaces, ou les armées hostiles attirent — que dis-je, qui en a besoin pour éveiller ses énergies en réserve, les amener à la pure flamme, et n’est jamais tout à fait lui-même que dans l’extrémité du danger ; alors, il est calme, inventif, et toutes ses facultés se déploient. Dans la mythologie de tous les peuples, il y a un Hercule, un Achille, un Rustem, un Arthur, ou un Cid ; et dans l’histoire authentique, un Léonidas, un Scipion, un César, un Richard Cœur-de-Lion, un Cromwell, un Nelson, un grand Condé, un Bertrand Duguesclin, un Doge Dandolo, un Napoléon, un Masséna, et un Ney. On dit que le courage est ordinaire ; mais l’estime immense en laquelle on le tient, prouve que c’est chose rare. La résistance animale, le mâle instinct de défense de la bête quand elle est acculée, est sans doute chose commune ; mais le courage pur, le courage qui sait voir, le courage qui sait se conduire, la possession de soi-même à la bouche du canon, l’entrain alors que l’on est seul à s’attacher au juste, est le partage des caractères supérieurs. Je n’ai pas besoin de montrer combien on l’apprécie, car on lui donne le premier rang. On lui pardonne tout. Que de bruit nous faisons depuis deux mille ans autour des Thermopyles et de la bataille de Salamine ! Quel souvenir nous gardons des batailles de Poitiers, de Crécy, de Bunker Hill, et de la force