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chez une ancienne connaissance des découvertes inattendues en matière de largeur et de force, sous l’heureuse influence d’un sujet inspirant. La sagesse est comme l’électricité. Il n’y a point d’homme sage d’une façon permanente, mais des hommes capables de sagesse qui, placés en une certaine société, ou en d’autres conditions favorables, deviennent sages un moment, comme les verres frottés acquièrent pour un certain temps des propriétés électriques. Mais tandis que nous envisageons avec complaisance les plaisirs et l’importance manifestes d’une compagnie agréable, je n’oublie pas que la Nature est toujours extrêmement sérieuse, et que ses grands bienfaits ont quelque chose de grave et d’austère. Lorsque nous cherchons les plus hauts avantages de la conversation, la règle spartiate du tête-à-tête s’impose ordinairement. Quand il prend son essor au plus haut et plonge au plus profond, quand il élève à cet état d’esprit d’où surgissent des pensées qui restent comme des étoiles dans le firmament, l’entretien n’a lieu qu’entre deux personnes.