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et y introduisit les gens de lettres, ayant construit son hôtel[1] en vue des réceptions, avec une suite superbe de salons au même étage, qui rompit la morgue[2] de l’étiquette en invitant chez elle des hommes d’esprit et de savoir aussi bien que des hommes haut placés, et provoqua l’émulation du cardinal de Richelieu à créer une Société rivale, et à fonder ainsi l’Académie française. L’histoire de l’Hôtel de Rambouillet et de sa société brillante marque une date importante dans la Civilisation française. Et une étude sur les Clubs, depuis l’antiquité la plus lointaine, étude où l’on retracerait les efforts qui ont été faits pour assurer la conversation libérale et cultivée depuis le temps des Grecs et des Romains jusqu’au Moyen âge, et où, descendant ensuite aux Mémoires français, anglais, et allemands, on peindrait les Clubs et les réunions de chaque peuple — une telle étude formerait un chapitre important de l’histoire. Nous connaissons bien, à Londres, le Mermaid Club de Shakespeare, Ben Jonson, Chapman, Herrick, Selden, Beaumont et Flechter ; ses « Statuts » ont été conservés, et dans Jonson, Herrick, et Aubrey, on trouve maintes allusions à leurs soupers. Le Club du Dr Bentley avait Newton, Wren, Evelyn, et Locke ; et nous devons à Boswell de connaître le Club où fréquentaient le Dr Johnson, Goldsmith, Burke, Gibbon, Reynolds, Garrick, Beauclerk, et Percy. Et nous avons des témoignages de la société brillante dont Édimbourg se glorifiait dans la première décade de ce siècle. De telles sociétés ne sont possibles que dans les grandes villes, et constituent

  1. En français, dans le texte.
  2. En français, dans le texte.