aller simplement pour leur agrément, apportant trop de hâte à présenter et communiquer leurs fantaisies ou découvertes nouvelles ; ils écoutent mal, ou n’écoutent point l’idée ou le commentaire dont les gens s’efforcent de les payer de retour ; aussitôt leur discours achevé, ils préfèrent prendre leur chapeau. Il est aussi des gladiateurs, pour qui la conversation est toujours une lutte ; peu leur importe d’être de tel ou tel côté : ils combattent pour la victoire ; il y a aussi les esprits emportés, les égoïstes, les monotones, les stériles, et les impraticables.
Il ne vous sert de rien de rencontrer un individu de même valeur que vous ou supérieur, si sa nature ne s’adapte pas à la vôtre, s’il n’est pas fait pour vous. Ceux qui souffrent le plus, sont souvent ceux qui ont le plus à dire — êtres de sensibilité délicate qui restent muets dans une réunion mêlée. Si les personnes capables n’ont pas d’indulgence pour eux, elles les paralysent. Un de ces faquins pleins d’eux-mêmes, qui n’apprécient la nature qu’autant qu’elle les sustente et les exhibe, est un fléau comme les tapageurs. Il faut qu’il y ait grande puissance de réception aussi bien que de don. Après ces perturbateurs, combien l’esprit gai et rayonnant de — je n’ai pas besoin de citer un nom, car en chaque milieu il a son représentant — paraît délicieux ! Un bon naturel est plus fort que les tomahawks. Sa conversation est tout images : il peut reproduire tout ce qu’il a vu ; il raconte les meilleures histoires de l’endroit, et est d’un tempérament si aimable qu’il dispose irrésistiblement tous les autres à la bonne humeur et à la causerie. Diderot disait que l’abbé Galiani : « Pour les jours de pluie c’était un trésor ; et si de telles